Skip to main content

Livres

– Pourquoi écrivez-vous ? m’a demandé un jour Jean-Jacques Pauvert, dans son bureau, 8 rue de Nesles.
– Parce que je ne sais pas parler.
(Je n’y avais jamais pensé, mais c’est sorti d’un trait.)
– Savez-vous vous relire ? a-t-il repris, les yeux plissés par l’attention.
À l’époque, je n’avais pas compris sa question.

Riant aux papillons d’or évoque une aventure vécue à la lumière du Roi Lear (Shakespeare). Ce genre d’aventure s’appelle aujourd’hui un « accompagnement ». Celui que j’ai accompagné, et continue d’accompagner dans ce « roman », est mon père, un quasi-centenaire qui a été ingénieur, vient d’être diagnostiqué Alzheimer, mais garde encore beaucoup, beaucoup de caractère.
L’accompagnante, la narratrice, est sa fille, peintre et écrivain dans la soixantaine. Presque tous les jours, de 2000 au 29 janvier 2004, elle est allée chez son père. Elle a observé avec émotion, admiration et agacement ses façons de parler et de se comporter. De vieilles oppositions en ont profité pour refaire surface. Les traces de chocs frontaux. Mais aussi des attachements et des attirances dont elle ne se doutait pas. Ces quatre années furent à l’image de mon père : concrètes, tendres, courageuses, tragiques, cocasses, intemporelles, saugrenues.
« (…) Ce n’est pas vraiment triste. Ou pas encore. Ou pas tous les instants. C’est autre chose. Une sorte de révélation. La vie, notre vie, a changé de ton et d’allure. Nous avons moins envie de nous distraire. Ou moins souvent. Ou plus follement… Quelque chose d’autre a commencé. Qui n’est pas funéraire. Qui n’est même pas une agonie. Quelque chose qu’on ne sait pas. Qui prendra du temps ? Ou n’en prendra pas ? Quelque chose, en tout cas, de diablement là ! Plus diablement là que tout ce que nous pouvons goûter, toucher, voir ou entendre. De ce quelque chose nous ne connaissons que le nom : la mort (…) »


Exposée est construit sur une chronologie simple : avant, pendant, et après une exposition de peinture, disons « difficile ». On y approche le travail et les fantasmes de l’artiste exposée, ceux du galeriste, leurs relations, et les coulisses de cette exposition.
Une question traverse ce livre : qu’est-ce que créer ?
Après Les Écrasés, acte de naissance publié chez le même éditeur, Exposée est écrit à la première personne. Le vécu et l’expérience concrète y ont la part belle. Comme mes interrogations de peintre autodidacte. Qu’est-ce qui m’a conduite là où personne ne m’avait voulue ? Pourquoi est-ce que je repars toujours du désordre et des batailles pour s’en sortir ? Buter sur ces questions m’a fait multiplier les notes sur ma naissance à la peinture, sa pratique, ses aléas… Bâtir un roman à partir de ces bribes fut un long travail de montage et d’écriture. Découpes, ajouts, collages, sutures… Reste que mon manuscrit ne serait pas devenu un livre sans Mireille Batut d’Haussy qui en a lu une première mouture en 2000 quand elle m’exposait dans sa galerie, m’a poussée à le revoir quand je croyais en avoir fini, et, un jour, m’a dit qu’elle désirait l’éditer. Mon premier titre, La Main Heureuse, a été remplacé par Exposée. À cause du double sens d’exposition : prise de risque et mise en lumière.
BNL

« … Une réflexion polyphonique sur l’acte créateur ». ©Electre 2018


Que devient maman, naguère femme de tête, naguère  » la plus belle femme du monde « , quand les enfants de ses quatre enfants commencent à avoir des enfants ?

Séparée de son mari, elle vit dans une résidence pour personnes âgées. Ses séjours à l’hôpital se multiplient. Depuis qu’elle n’arrête plus de tomber, maman a beaucoup changé. C’est ce que nous dit sa fille, la narratrice de ce roman. Maman a perdu de sa superbe mais gagné en simplicité et même en cocasserie.

Elle se fait raconter son histoire. Elle avance vers la mort avec une fragilité croissante, mais aussi avec un sérieux et une légèreté de danseuse…

Jusqu’à ses derniers mots, plus énigmatiques encore que sa vie.


Entre ironie et confidence, dans un style rapide et imagé, un peintre s’expose à la première personne.
Le livre s’ouvre sur Les Écrasés, série peinte à partir de canettes ramassées dans le caniveau. Béatrice Nodé-Langlois a réalisé 592 Écrasés – il y en aura 1003, dit-elle. Pourquoi ? lui demande-t-on. Un interrogatoire suivra. Une mise en accusation, limite mise en pièces. Sommée de répondre, le peintre aura beau dire, on n’explique ni l’amour, ni le parti pris « d’autres forces que la force des forts »
Le deuxième texte parcourt les temps sensibles d’une vie d’artiste. Cela commence avec l’Exode et traverse bon nombre d’exaltations et de ruptures avec, pour garde-fou, la pratique de l’écriture et de la peinture.
Peindre, comme écrire, c’est multiplier des expériences qui vous entraînent où vous ne vous attendiez pas à aller. D’exposition en exposition, le troisième texte scrute cette évolution.
Trois textes pour un regard très personnel sur une pratique picturale inhabituelle.


La Critique Parisienne est une revue culturelle qui paraît deux fois par an. Elle a été fondée en 1889 par un syndicat de journalistes, spécialisés dans la critique.

J’y ai adhéré en 2001 et y publie régulièrement, en toute liberté, d’assez longs récits-reportages autour de livres et d’expositions. Parfois quelques nouvelles.